Microbidule

« Le moulin à prière » des « bien pensants »

2008-05-22T22:34:43Z

Les représentants de l' « état français » [1], en plus de persévérer à nier le soutien qu'ils ont apporté au régime raciste et génocidaire rwandais (dernier génocide du XXe siècle), reçoivent en grande pompe Kadhafi, obéissent à Bongo (éviction de Bockel) et s'apprêtent à aller faire des courbettes à Nguesso (visite de Joyandet au « tortionnaire du Beach »)… José Eduardo Dos Santos, dictateur de l'Angola depuis 29 ans, recevra bientôt ce qui nous fait office de Président…

Alors que les journaleux en mal d'inspiration font les gros titres de leurs articles sur « la fin de la Françafrique » et autres élucubrations fétides censées nous faire oublier que Bolloré et consorts sont plus que jamais implantés au Gabon, en Côte d'Ivoire et ailleurs dans le « pré carré », qu'Elf (devenu ElfTotalFina) continue de piller l'or noir africain et qu'Areva, future filiale de Bouygues, tire la quasi-totalité de son uranium des gisements nigériens, revenons un instant sur « le péril jaune » qui depuis quelque temps semble obnubiler les médias.

Des jeux olympiques devant avoir lieu dans la « République Populaire Libérale », tous les commentateurs semblent s'être donné le mot pour réclamer, à corps et à cri, la libération du Tibet, « sauvagement » occupé par les troupes de l'état « socialiste » acquis aux thèses du marché.

Encore une fois, les « journalistes » font preuve d'un courage qui les honore grandement. On aurait pu penser qu'il aurait été plus facile d'informer et d'agir sur les égarements de la politique africaine de la France que sur les atrocités commises par un régime lointain, sur lequel on n'a aucune emprise : chez Ménard, Plenel, Val ou Joffrin, on semble pourtant cultiver la difficulté... Aussi ne compte-t-on plus les articles accusateurs mettant en cause l'Etat chinois dans sa gestion « du problème tibétain ».

On aura lu avec un certain désappointement l' « article », paru sur Agoravox, de Wuyilu, « citoyen-supporter du Modem ». Mais tout le monde a le droit de s'exprimer… Il résume mieux que tous les autres pamphlets nauséeux la doxa ambiante. Aura-t-il été attiré par le parti de Bayrou à cause de sa couleur, l'orange ? Difficile à dire… Le personnage s'enflamme contre une tribune de Mélanchon, parue sur son blog le 7 avril. À lire l'énergumène, on en viendrait presque à avoir des appétits de vote socialiste… C'est dire !

Que nous dit Mélanchon, qui, vous l'aurez compris, ne fait pas vraiment partie de mes maîtres à penser…

• Les « événements du Tibet » ont commencé par un pogrom de commerçants chinois par des « tibétains » ;

• « Le Tibet est chinois depuis le quatorzième siècle. Lhassa était sous autorité chinoise puis mandchoue avant que Besançon ou Dôle soient sous l'autorité des rois de France ». Parler « d'invasion » en 1959 pour qualifier un événement à l'intérieur de la révolution chinoise est aberrant ;

• En 1956, le régime communiste a décidé d'abolir le servage pratiqué au Tibet par les moines. Dans une négation des traditions, les communistes ont abrogé les codes qui classaient la population en trois catégories et neuf classes dont le prix de la vie était précisé, codes qui donnaient aux propriétaires de serfs et d'esclaves le droit de vie, de mort et de tortures sur eux ;

• Depuis « l'occupation chinoise », la scolarisation des enfants du Tibet concerne 81% d'entre eux là où il n'y en avait que 2% au temps bénis des traditions monastiques ;

• … Lisez son blog qui, semble-t-il, comporte néanmoins quelques erreurs sur l'histoire du Tibet

Être laïque, comme le rappelle le Sénateur de l'Essonne, « c'est l'être partout et pour tous » . C'est donc légitimement s'opposer à l'autorité politique des religieux, fussent-ils auréolés du titre de « Dalaï Lama », de « Sa Sainteté » ou de toute autre distinction sectaire ou religieuse.

Avec une certaine dose de provocation, j'écrivais (nul n'est parfait), en 2001, que « nos vieux dogmes occidentaux ont cédé la places à des religions, finalement toutes aussi connes, mais qui se disent, plus que nos croyances surannées, une avancée vers une pseudo-reconquête du Moi, une investigation intérieure salvatrice, une vision tolérante et « naturelle » de « l'être » et de sa place dans ce monde… Mange bio et rase-toi le crâne, déambule dans une tunique orange et ferme ta gueule. »

Il faut dire qu'alors le culte papal semblait de façon assez réjouissante en déclin sous nos contrées. Mais depuis, sur fond de « choc des civilisation », on a assisté, impuissants, à la reconquête d'une certaine forme de légitimité de l'église, qui s'affirme, voulant faire oublier les Lumières, le ciment culturel de l'Europe.

Je lis aujourd'hui avec intérêt l'article de Zizek, dans le dernier Diplo : « Le Tibet pris dans le rêve de l'autre » .

On y apprend notamment que :

• « Avant 1950, le Tibet était sous le joug d'un féodalisme féroce, pâtissant de la pauvreté (l'espérance de vie ne dépassait pas 30 ans), d'une corruption endémique et de plusieurs guerres civiles (…) craignant le désordre et la destruction sociale, l'élite dirigeante tibétaine a interdit tout développement de l'industrie, de sorte que le moindre bout de métal devait être importé d'Inde. Cela n'a pas empêché cette élite d'envoyer ses enfants dans les écoles britanniques, en Inde, et de transférer des capitaux dans les banques britanniques, en Inde également. » Grosso modo, les "traditions séculaires" du peuple tibétain, c'est pour le peuple… l'élite, elle, fréquente les écoles britanniques…

• « La Révolution culturelle qui a ravagé les monastères tibétains dans les années 60 n'a pas été simplement « importée » par les Chinois : à cette époque-là, moins d'une centaine de gardes rouges s'étaient rendus au Tibet, et les populations qui brûlaient les monastères étaient presque exclusivement tibétaines. »

Vous la lirez la suite de l'article de Zizek sur le site du Monde Diplomatique quand il sera en ligne…

Il y a de nombreuses bonnes raisons de s'insurger contre les dirigeants chinois (prisonniers politiques, journalistes emprisonnés, déplacements de population, camps-prisons disciplinaires, passeports et sans-papiers intérieurs [2], …) comme des bourreaux sanguinaires aux commandes de la Tunisie, de l'Algérie, du Gabon, du Congo et d'ailleurs… Mais en aucun cas ces justes revendications pour l'avènement de la démocratie et de la liberté ne doivent se solder par la remise en selle d'une théocratie, fusse-t-elle appuyée, préparée, armée, entretenue et financée, depuis 1959, par les USA.

[1] « du patronat français », excusez-moi…

[2] lire à ce sujet Les damnés de la civilisation de Claudio Ielmini

Rappel à ceux qui l'auraient oublié, dans les rédactions hexagonales, la guerre froide est finie…

Le conseiller du ministère de l'Immigration n'aime pas les "sales noirs"

2008-05-10T17:36:38Z

Samedi 26 avril, à la caisse 18 du Carrefour Bercy 2, à Charenton, un homme s'énerve, rapporte le Canard enchaîné dans son édition du mercredi 30 avril.

Un vigile, Pierre-Damien Kitenge, français d'origine congolaise, emporte ses papiers pour les vérifier. C'est une procédure « normale », obligatoire pour tous chèques dépassants 250 euros. Celui du client qui s'énerve en fait 528,06. L'énervé s'appelle Gautier Béranger et est responsable du pôle communication au ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale. Plus précisément, toujours selon le Canard, adjoint de Patrick Stefanini, le secrétaire général dudit Ministère.

Apparemment le fonctionnaire n'aura pas apprécié qu'un noir, car le vigile suscité est « un homme de couleur », comme on dit dans certains milieux, ne lui demande ses papiers. Il s'énerve : « Sale noir ! Vous n'avez pas le droit de toucher à mes papiers, vous pouvez faire une croix sur votre carrière, c'est moi qui donne les accréditations aux sociétés de gardiennage ! » Sur sa lancée, Béranger se propose de « renvoyer dans son pays » le vigile qui ne fait que son boulot. Pierre-Damien Kitenge est français [1]... Si l'employé du ministère met ses menaces a exécution, ça sera la moins chère des expulsions...

La scène fait grand bruit dans le magasin et des employés et clients proposent à l'employé insulté de témoigner des injures proférées. Ce dernier décide de porter plainte au commissariat du XIIe arrondissement pour ce qu'il estime justement être des « injures racistes ».

Le Canard a joint le con(seiller) du ministère, qui dément. Le journaliste lui rappelle qu'il y a eu de nombreux témoins. « Impossible ! J'ai discuté très gentiment avec un monsieur fort sympathique d'ailleurs, je me suis juste inquiété de savoir où il partait avec mes papiers et lui m'a demandé où je travaillais », ajoute-t-il.

Le journaliste du Canard, ce 30 avril, de conclure, assez judicieusement, vu que de nombreuses personnes pouvaient témoigner des injures racistes proférées : « Bon courage à son avocat ! ».

Mais c'était le mercredi 30 avril….

Une semaine se passe et le Canard reparle de cette affaire qui illustre bien l'ambiance de travail au Minsitère de l'immigration…

Gautier Béranger nie toujours les faits avec une « admirable constance », selon le Canard. Il faut bien que l'on puisse qualifier quelque chose « d'admirable » chez cet homme… La journaliste du Canard, Brigitte Rossigneux [2], s'interroge : « Mais à quel moment dit-il la vérité ? Quand il affirme au Canard, tout de suite après l'esclandre, qu'il ne s'est rien passé du tout ? Quand il présente ses excuses au directeur du magasin, en invoquant des problèmes personnels pour expliquer son énervement ? »

Pierre-Damien Kitenge, lui, se retrouve bien seul. Il maintient bien sûr sa plainte, malgré la pression « de bonnes âmes » qui lui ont fait comprendre qu'il serait plus judicieux de retirer sa plainte…

Selon Le Monde, il a été convoqué le lundi 28 avril par sa direction qui lui a demandé de retirer sa plainte, ce qu'il n'a pas fait ainsi qu'il l'a déclaré : « J'assume ce que je fais, je maintiens ma plainte dès lors qu'il ne m'a pas présenté des excuses publiques », ajoutant avoir reçu quatre appels anonymes pour lui demander de retirer sa plainte.

La société de sécurité qui l'emploi ne veut pas perdre un gros client comme Carrefour. Ainsi, vendredi 2 mai, en guise de message de soutien, il a reçu de son employeur une mise en demeure pour « non-présentation de rapport circonstancié » après l'incident.

Les témoins de la scène se sont mystérieusement évanouis dans la nature. Le caissier, aux premières loges lorsque le communiquant du ministère se croyait revenu au bon vieux temps des colonies, a fort courageusement accepté de signer une lettre dans laquelle il affirme qu'il ne se souvient de rien. Les bandes vidéos examinées par les policiers sont quant à elle inexploitables puisqu'elles n'enregistrent pas le sons…

Entretien réalisé le 05/05/2008 par Magatte Mbengue, journaliste à Africa N1, pour Grioo.com :

Vous dites subir des pressions, lesquelles ?

On m'a demandé de retirer ma plainte. Le directeur du magasin Carrefour dans lequel je travaille m'a dit :

"Vous nous mettez dans le pétrin, M. Béranger est un haut placé et je ne veux pas d'un contrôle "inopiné". Il m'a par exemple expliqué qu'un défaut d'étiquettage de prix d'un article pouvait entraîner jusqu'à 6500 euros d'amende.

D'un autre côté l'entreprise de gardiennage, mon employeur, tient à son client Carrefour. Je suis seul face à toutes ces pressions.

Les témoins de la scène ont-ils fait une déposition au commissariat ?

Un des employés de Carrefour qui m'avait promis de témoigner se rétracte. "Tu comprends, je ne veux pas risquer mon emploi dans cette affaire" m'a t-il dit ! La direction lui aurait donc intimé l'ordre de se taire... c'est ça les pressions. Je suis pris entre différents intérêts et les pressions continuent. Je suis comme une fourmi confronté à un mammouth. ! D'ailleurs, j'en appelle aux clients présents ce jour là, qu'ils se manifestent et qu'ils disent ce qu'ils ont vu.

Vous maintenez votre demande d'excuses publiques ?

Je ne retirerai pas ma plainte si M. Béranger ne me présente pas d'excuses publiquement. Sinon ce sera au tribunal de juger cette affaire. C'est une question de dignité et de respect du citoyen que je suis.

Il peut m'inviter à son bureau avec le directeur de Carrefour et quelques autres personnes. S'il devait m'écrire ou me téléphoner, je souhaite que les médias soient informés. La balle est dans son camp.

Avez-vous reçu des témoignages de soutien ?

Le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples ndlr) m'a contacté. Il va se constituer partie civile lors d'un éventuel procès. En attendant je continue à travailler comme je l'ai toujours fait.

[1] sans doute faut-il rappeler à l'énergumène que certains français sont noirs...

[2] A noter de cette journaliste deux articles dans le Canard - le 2 avril, "La croix et la manière" et le 7 mai, "des nazillons très câlinés" - où l'on voit que si le racisme "suinte" du Ministère Hortefeux , l'armée française n'est pas en reste, qui s'évertue à protéger les petits nazillons de Montauban nostalgiques du IIIe Reich que notre pays envoie en Afrique et en Afghanistan... Jamel Bensherhir pourra toujours postuler pour un poste de vigile chez carrefour...

La question qui n'en est pas une :

Que sont devenus les anciens d'Occident, de l'Oeuvre Française, du Groupe Union Défense (GUD), et autres groupes d'extrême droite ?

Ont-ils tous rejoint l'UMP, comme Patrick Devedjian, Gérard Longuet, Alain Robert, Claude Goasguen, Jean-Jacques Guillet, Hervé Novelli, Alain Robert ... ? Les Ministères ?

L'UMP, avant de "voler les électeurs de l'extrême droite", lui a largement emprunter ses dirigeants... Est-il alors vraiment étonnant d'entendre dans la bouche de cet ancien préfet, membre de Ministère de l'imigration d'Hortefeux, de tels propos racistes ?

A visiter : L'annuaire de l'extrême droite

Occupation de la Bourse du Travail

2008-05-03T00:59:41Z

Vendredi 2 mai, à 18 heures, tombe la nouvelle sur la liste z-pajol : un millier de sans-papiers occupent l'annexe de la Bourse du Travail, local de la CGT, 85 rue Charlot près de République.

18h : "Comme on leur dit en Préfecture que pour toute régularisation il faut désormais voir avec la CGT, des sans-papiers sont donc allés voir la CGT…", explique un observateur. Non seulement la police mais le service d'ordre de la CGT sont mobilisés.

Les sans-papiers appellent des renforts.

Une occupation est en effet en cours, à la bourse du travail du 85 rue charlot à république.

Cette occupation du local UD CGT a pour but de dénoncer les négociations faites en catimini entre la CGT et Droits Devant ! avec Hortefeux sur le dos des Sans-Papiers grévistes travailleurs, selon les Sans-Papiers eux mêmes.

Ces derniers affirment que la CGT les a menés en bateau : « La CGT a pris le mouvement en otage »

Certains de ces occupants sont syndiqués depuis des années à la CGT, ils sont entre 600 et 1000 sur place.

[Source : QSP]

19h :Plusieurs centaines de Sans-Papiers de la coordination 75 occupent depuis 14h30 l'Union Départementale CGT de Paris - 85, rue Charlot XIème arrondissement.

Nombre d'entre eux sont syndiqués et se sont vu signifier une fin de non recevoir par les "organisateurs" [la CGT, ndlr] de la grève des Sans-Papiers en Ile de France.

Travailleurs et dont le profil correspond en tous points à celui des personnes dont les dossiers ont été déposés, ils étaient allés en Préfecture pour déposer leur dossier. La Préfecture les a refoulés et les a réorientés vers la CGT, seule habilitée à déposer des demandes de régularisation.

Les Sans-Papiers se sont alors résolus à venir occuper cette nouvelle "annexe" de la Préfecture et demandent à l'UD CGT que toute la lumière soit faite sur la teneur des négociations entre le Ministère de l'Immigration, Droits Devant ! et la CGT.

Les Sans-Papiers appellent les soutiens à venir les rejoindre de toute urgence.

[Source : indymedia]

19h30 : Témoignage "J'arrive de la bourse du travail (rue charlot). Ca pulse, y'a du monde et c'est tant mieux. La CGT fait la gueule et bien qu'elle se casse les bourses du travail appartiennent aux exploités et non l'inverse. Les cgtistes permanents nous ont à moitié insulté ("on fait le jeu de la droite", "on aurait du occuper le MEDEF", "on est pas des militants et on instrumentalise les sans papiers", ...).

Cependant ceux qui occupent actuellement ne sont pas naïfs et ont bien pigé qu'il y a eu des accords entre la CGT et le gouvernement.

Ceux qui occupent demande à être régularisé pour ne plus avoir la peur au ventre lorsqu'ils se promènent ou vont bosser. Ce qui se passe là bas fait chaud au cœur car ce n'est plus les ceux avec papier qui parlent mais les concernés. Enfin ! Les flics sont dehors, les flics CGT aussi, personne ne peut dire ce qu'il adviendra mais une chose est sur c'est qu'il faut aller sur place et témoigner de notre volonté d'en finir avec les relents vichystes et racistes de la France qui vote. Il a été décidé d'occuper jour et nuit. Alors à vos duvets."

[Source : indymedia]

19h58 : Coup de gueule Sur cette lutte le néocolonialisme ne passera pas. La cégète se fait déborder, ses trahisons ne sont plus à démontrées. Les occupants s'installent pour la nuit et pour une fois les sans papiers prennent en main leur mobilisation. Finis les porte parole auto proclamés. C'est ceux qui vivent cette situation d'injustice, de racisme, les arrestations, les incarcérations, les expulsions qui doivent parler, c'est à personne d'autre.

[Source : indymedia]

20h : « Nous avons eu quatre rendez-vous avec la CGT car on voulait nous aussi faire des occupations de lieux de travail », rappelle Sissoko Anzoumane, responsable du CSP75. « Mais ils nous ont baladés, en nous disant qu'il fallait attendre que Sarkozy s'exprime. Et quand ils ont eu un rendez-vous avec le cabinet du ministère de l'immigration, ils ne nous ont même pas prévenus. »

Dans une petite salle du dernier étage du bâtiment de la CGT, les "pontes locaux" de la CGT, autour de Raymond Chauveau, négocient avec certains des sans-papiers (leurs représentants ?) et des représentants d'"associations", informés sur le tard et qui viennent tout juste d'arriver. La porte est fermée à clé. De l'extérieur de la salle, on entend à peine les propos échangés. Un gros bras de la CGT est là pour en interdire l'entrée. L'un des "chefs" de RESF s'y invite. Après avoir décliné son identité, il a le droit d'entrer.

Combien sont-ils à l'intérieur de cette salle ? Qui participe à ses négociations ? Qui a le droit d'y participer, et sur quels critères ? Mystère.

21h :Dans la cour, les "militants organiques" s'organisent. Comme à l'accoutumé, des propos d'un paternalisme certain sont commis : "il faut les aider à négocier, ils vont se faire avoir", "il faut qu'ils s'organisent", "où sont les représentants", ... C'est tout juste si certain d'entre eux ne proposent pas leurs services pour aller négocier à la place des intéressés...

D'une voiture garée devant le local de la CGT sont distribués de nombreuses assiettes de riz. Après avoir nourri les occupants, elles sont proposées aux passants.

Apparemment les sans-papiers n'ont pas attendus les "militants organiques" pour s'organiser. Certain de ces derniers repartent alors, quelque peu déçus : ils disent qu'ils reviendront demain et on peut leur faire confiance là-dessus...

21h55 : Faisons en sorte que la CGT et compagnie ne puissent pas virer les sans-papiers comme ils l'ont fait de nombreuses fois. On peut même les dégager avant !

Réappropriation totale du lieu, cuisine etc, si ce n'est pas déjà fait !

Lieu de lutte = lieu de vie...

[Source : indymedia]

22h10 :Trop de surveillants... les sans-papiers en sont réduits, ce soir, à récupérer des cartons. Ils sont dans la cour, et dans les couloirs des étages. Lutte exemplaire à soutenir. Si la CGT "expulse", ils se tirent une balle dans le pied car ils avouent leur impuissance à contrôler ce remarquable mouvement.

Et comme d'hab, les réformistes traitres se font doubler par la gauche, et doubler en haut de la ligne jaune , qu'ils pensaient infranchissable. Ils ne sont plus maître du mouvement... et enfin il va pouvoir commencer et permettre la confrontation avec le patronat.

Historique, génial : mettez les patrons à genoux, ils ont besoin de vous.

Lâchez pas, lâchez rien !

CHAPEAU LES SANS PAPIERS !

S.O.

[Source : indymedia]

22h52 : Sissoko est en réunion avec les jaunes, la porte est fermée à clef depuis 3 heures ! ! ! !

Vont-ils le faire céder ?

La CGT a appelé des négociateurs reconnus ! ?

De fait, à Sissoko, on ne lui la fait pas... alors on attend la suite...

[Source : indymedia]

23h59 : Coup de gueule Les sans-papiers ne maitrisent rien dans cette occupation ! Ils sont dirigé par le haut, par la bureaucratie du CSP75 qui leur interdit de se réunir , de s'auto-organiser et même de discuter avec les mecs de la Cgt.

Ce sont des bureaucrates qui veulent reprendre le pouvoir sur leurs ouailles. Un conflit de bureaucratie dont les travailleurs sont les victimes.

[Source : indymedia]

Quelques heures plus tôt, vers 18 heures, devant le local de la CGT, Sissoko Anzoumane avait rappelé au microphone : « c'est un mouvement qui nous appartient. »

Il avait alors ajouté : « Le cabinet d'Hortefeux leur a dit ok [à la CGT, ndlr] pour 800 régularisations mais ils ont demandé, en contrepartie, de calmer le mouvement. La CGT ne s'occupe que des sans-papiers qui ont leur carte dans leur syndicat. »

C'est un mouvement qui nous appartient...

[Source : Libération]

S. Chizungu

Rappel :

Hier, à Paris, le rassemblement du 1er Mai aura été marqué par la présence, pour la première fois, de très nombreux salariés sans papiers. Ils étaient à l'honneur en tête du cortège parisien.

Selon la CGT, qui prétend soutenir activement leur demande de régularisation, 4 000 à 5 000 d'entre eux ont défilé ce jeudi.

La guerre révolutionnaire au Rwanda

2008-05-02T15:08:17Z

L'implication des militaires français est particulièrement visible en février-mars 1993, dans le cadre de l' « opération Chimère ». L'objectif dudétachement Chimère est « d'encadrer et de commander indirectement unearmée d'environ 20 000 hommes ».

D'après le rapport de la Mission d'information, « un officier français estime que cette mission est sans doute la première application à grande échelle, depuis vingt ans, du concept d'assistance opérationnelle d'urgence, et attribue ce mérite à la bonne connaissance du Rwanda par les hommes du 1er RPIMa ».

À la tête de l'unité Chimère, le colonel Didier Tauzin avec « une vingtaine d'officiers et de spécialistes du 1er RPIMa », une unité dépendant du 11e Choc, le service Action de la DGSE créé par le général Paul Aussaresses.

Pour Saint-Exupéry, la France n'a certes pas assassiné les Tustis. Mais « nous avons instruit les tueurs. Nous leur avons fourni la technologie : notre "théorie". Nous leur avons fourni une méthodologie : notre "doctrine". Nous avons appliqué au Rwanda un vieux concept tiré de notre histoire d'empire. De nos guerres coloniales. Des guerres qui devinrent "révolutionnaires" à l'épreuve de l'Indochine. Puis se firent "psychologiques" en Algérie. Des "guerres totales". Avec des dégâts totaux. Les "guerres sales" ».

Après l'offensive généralisée du FPR le 8 février, l'armée rwandaise, totalement démoralisée, ne contrôle plus la situation. Le Général Dominique Delort est informé de l'arrivée à Kigali, le 22 février, du Colonel Didier Tauzin, accompagné d'une vingtaine d'officiers et spécialistes du 1er RPIMA, connu sous le nom de Chimère en raison du nom de la station de transmission de ce régiment.

Sur décision du Général Dominique Delort, le Colonel Didier Tauzin reçoit sous ses ordres la totalité des militaires du DAMI, soit 69 hommes au total. Le détachement Chimère regroupe donc le DAMI Panda, déjà présent, et le détachement venu en renfort avec le Colonel Didier Tauzin.

La mission du détachement Chimère consiste à :

rehausser le niveau technique opérationnel de l'état-major des FAR et d'au moins deux commandements de secteurs ;

participer à la sûreté éloignée du dispositif Noroît, chaque fois que la situation le nécessite ;

compléter le niveau d'instruction des personnels des FAR sur les équipements scientifiques ;

former les spécialistes des FAR sur les équipements nouveaux ;

être en mesure de guider les appuis aériens.

D'après les documents recueillis par la Mission, l'objectif du détachement était d'encadrer indirectement une armée d'environ 20 000 hommes et de la commander indirectement.

Après un survol en hélicoptère des zones menacées, il est décidé d'envoyer une équipe d'officiers-conseillers auprès de l'état-major des FAR et une équipe de conseillers auprès de chacun des commandants de secteur (Ruhengeri, Rulindo, Byumba). Des éléments du DAMI Génie exercent une mission de conseil auprès des commandants de secteur en matière d'organisation défensive du terrain. Un DAMI Artillerie effectue une mission de conseil en vue de l'utilisation des batteries de 122D30 et de 105 mm.

Les trois équipes de secteurs, les DAMI Génie et Artillerie, opéreront à proximité souvent immédiate des contacts. On note toutefois l'absence de tout dommage, à l'exception d'un blessé léger lors d'un tir ennemi, qui a entraîné une riposte du côté français. S'agissant du bilan des actions de conseil aux FAR, on relève en premier lieu que la seule présence française a entraîné une reprise de confiance quasi-immédiate parmi ces dernières, et corollairement, face à cette " nouvelle pugnacité " des FAR, l'inquiétude du FPR, qui tentera en vain jusqu'au cessez-le-feu du 9 mars, d'améliorer ses positions. Le FPR, arrêté sur ses gains du 23 février 1993, ne progressera plus.

Dans le prolongement de ce qu'avait pu préconiser le Colonel Gilbert Canovas, le Colonel Didier Tauzin insiste à nouveau auprès des FAR sur la nécessité pour elles de prévoir une réserve stratégique, un recrutement de cadres, une réorganisation des unités et la création d'unités de renseignement. Il indique qu'à partir du 15 mars 1993, de nombreuses propositions sont faites au Chef d'état-major rwandais, qui les accepte, et que, dans le cadre de la coopération franco-rwandaise, des plans de défense et de contre-attaque sont élaborés.

Dès le 20 mars, l'armée rwandaise entreprend des réorganisations.

Un officier français estime que cette mission est sans doute la première application à grande échelle depuis 20 ans du concept d'assistance opérationnelle d'urgence et attribue ce mérite à la bonne connaissance du Rwanda par le 1er RPIMA. Il reconnaît également, dans ce contexte, le caractère indispensable de la présence d'éléments de Noroît, qui se révèle dissuasive pour le FPR et rassurante pour le DAMI en cas de difficultés.

La conclusion qu'il tire de cette expérience donne toutefois matière à réflexion. Le coût global (financier, humain, médiatique) de cette opération de stratégie indirecte lui paraît extrêmement faible en regard des résultats obtenus et en comparaison de ce qu'aurait été le coût d'un engagement direct contre le FPR.

Sources :

Paul Labarique (Réseau Voltaire)

Assemblée nationale

Association des Racistes Anonymes

2008-02-27T22:23:52Z

Dieudo fait la démonstration brillante (et hilarante) qu'il n'est pas le raciste que certains disent...

Dieudonné M'bala M'bala, plus connu sous son nom de scène Dieudonné, est un humoriste et acteur français né le 11 février 1966 à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine).

Son engagement politique, aussi bien sur des thèmes nationaux qu'internationaux, mené de front avec sa carrière d'artiste, se traduit par un humour souvent militant et provocateur.

Ainsi ses opinions tranchées lui ont-elles valu de nombreuses critiques, des controverses médiatiques et des poursuites judiciaires.

Parallèles

2008-01-08T03:12:09Z

Quelles sont les nombreuses bonnes raisons mises en avant par certains pour se réjouir de la « défaite » d'Hugo Chavez lors du dernier référendum constitutionnel ?

Il faut dire que tous les médias français ou presque l'ont présenté comme un plébiscite populaire, n'ayant d'autres fonctions que de permettre au président vénézuélien de se faire réélire à vie… Nul doute dans la majorité des salles de presse française : la « révolution bolivarienne » ne serait que le paravent à l'instauration d'une dictature militaire qui ne dit pas son nom et qui se mettrait lentement en place aux dépens du peuple vénézuélien.

Que penser de tous ceux qui l'accusent d'être un dictateur ?

Chavez a gagné les dernières élections présidentielles. Elles ont été reconnues démocratiques par tous les observateurs internationaux.

Cependant chacun peut et doit avoir sur Chavez sa propre opinion.

Ceux qui ne connaissent pas précisément la situation sociale, économique et politique vénézuelienne actuelle, ainsi que son histoire, devraient éviter de se ridiculiser en donnant des avis tranchés sur la question et en distribuant ou non des bons points de « bonne conduite démocratique », ou en répandant sur les ondes leurs sinistres et souvent infondés augures.

À tous ceux qui considèrent Chavez comme un dictateur (et c'est le droit de chacun), le Venezuela comme un état totalitaire (chacun pense ce qu'il veut), je voudrais soumettre ces quelques parallèles, et les enjoindre à pousser plus avant leur raisonnement, à prolonger leurs indignations et leurs réprobations.

Au Venezuela, la presse est pléthorique, la plupart des journaux (et des télévisions) étant par ailleurs contrôlés par le secteur privé soutenant l'opposition (ayant d'ailleurs soutenu le coup d'état d'avril 2002 contre ce même Chavez, là encore démocratiquement élu).

Il y a des pays où les liens entre l'oligarchie au pouvoir et le monde médiatique sont plus ténus…

On peut légitimement se gausser de la présence médiatique du président vénézuelien, et notamment de son émission hebdomadaire, Alo Presidente. Certains peuvent trouver détestable sa volonté de communiquer sur la politique qu'il met en œuvre, presque « en temps réel » et par médias interposés, avec ses citoyens.

Notons cependant que cette volonté, pour un élu, de communiquer beaucoup avec ses concitoyens n'est que peu regardée à travers le prisme du populisme de ce côté de l'Atlantique. Certains y voient même le signe d'un renouveau démocratique notamment par une meilleure explication apportée par les élus sur l'action menée et sur ses buts.

On peut cependant légitiment s'offusquer de la quasi-omniprésence médiatique d'un chef d'état… Cependant, comme évoqué plus haut, les médias vénézuéliens sont presque tous détenus par l'opposition.

Pour conclure.

Dans un article, publié sur Acrimed, mettant judicieusement en lumière la désinformation anti-chaviste à l'honneur sur Canal Plus, Maler et Lambert évoquent, « la chansonnette de Chávez » et « l'accordéon de VGE ». Il semblerait qu'en plus du goût prononcé qu'ils partagent à se mettre musicalement en scène, de façon notoirement ridicule, ces deux politiciens ont en commun d'avoir présenté à leurs concitoyens une nouvelle constitution. Et que ces derniers l'ont vu, dans les deux cas, être rejetée.

On peut difficilement comprendre le raisonnement de ceux qui estiment qu'un président organisant des élections démocratiques puisse être un dictateur (on ne parle pas ici des faux-semblants organisés par les Bongo, Bouteflika, Billa, et autres « amis de la France » régulièrement salués par notre et nos Présidents).

Le 2 décembre 2007 Chavez a vu être rejeté le référendum constitutionnel qu'il voulait faire adopter. Tout comme VGE a vu sa Constitution et tout comme l'oligarchie politique française a vu la position qu'elle soutenait être rejetée par les électeurs.

Que va faire Chavez ? Que va faire de cette défaite électorale celui qui est souvent présenté comme un autocrate ?

Le Venezuela est-il un état démocratique ?

Gageons que si c'est le cas, Chavez tiendra compte du vote de ses concitoyens. Ils ont rejeté la nouvelle Constitution qu'il leur a proposée. Il prendra acte.

Si ce n'est pas le cas, on peut supposer que Chavez essaiera de passer en force et qu'il fera adopter cette Constitution, en prétendant l'avoir quelque peu modifiée, dans quelques mois par les députés, qui lui sont favorables dans toutes les Assemblées, et ce sans repasser par le vote populaire.

Difficile toutefois de se prononcer sur ce qui va se passer…

Il est cependant certain qu'un tel déni de la volonté des citoyens, qui se sont massivement exprimés lors de ce vote, ne serait pas tolérable.

Vous en conviendrez… non ?

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Tous à Versailles le 4 février !

L'état de l'État français

2008-01-06T22:05:26Z

Brice Hortefeux se réjouissait d'avoir rassemblé en une seule structure les différents volets de la politique d'immigration de l'état français jusque-là éclatées entre les ministères de l'Intérieur, des Affaires étrangères, des Affaires sociales et de la Justice.

Selon le même Hortefeux, ce nouveau ministère poursuit quatre “ambitieux” objectifs : maîtriser les flux migratoires, favoriser l'intégration, promouvoir l'identité française et encourager le codéveloppement.

1. Maîtriser les flux migratoires. La lutte contre l'immigration illégale reste une priorité absolue avec un objectif pour 2007 de 25 000 éloignements. Les migrants appelés à s'installer durablement sur notre territoire seront choisis en tenant compte des capacités d'accueil de notre pays et des besoins de notre économie. Parallèlement, le droit d'asile politique, qui consiste à offrir une protection à des personnes étrangères persécutées, restera pour nous une exigence morale.

2. Encourager le codéveloppement. L'enjeu du codéveloppement est de donner aux États du Sud et à leurs ressortissants les moyens d'avoir confiance en eux-mêmes et de construire un avenir sur leur territoire. Il s'agira d'abord de mobiliser les instruments permettant aux migrants d'agir en faveur de leur pays d'origine. Il conviendra, aussi, de faire en sorte que les politiques de coopération et de développement des pays d'origine tiennent mieux compte de la maîtrise de l'immigration.

3. Favoriser l'intégration. Un étranger admis au séjour en France et qui souhaite s'y établir doit en maîtriser la langue et en respecter les principes républicains pour bénéficier d'une carte de résident de dix ans. Si l'étranger a des devoirs, l'État en a aussi envers lui. L'accès au logement, à l'éducation, à la formation et au travail sera facilité pour permettre une meilleure intégration. Parallèlement, le travail des associations qui, sur le terrain, aident à lutter contre la discrimination sera facilité.

4. Promouvoir notre identité. L'identité française est à la fois l'héritage de notre histoire et l'avenir de notre communauté nationale. La Constitution de la Ve République, à son article premier, affirme que "la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion". La promotion de notre identité est une réponse aux communautarismes et vise à préserver l'équilibre de notre Nation. L'immigration, l'intégration et l'identité nationale sont complémentaires. Elles sont même intimement liées. C'est parce que la France a une identité propre dont elle peut être fière qu'elle a les moyens d'intégrer des immigrés qui respectent nos valeurs et qu'elle peut organiser de façon sereine l'immigration.

[Source : site du Ministère de l'immigration, de (…) et du codéveloppement]

La création de ce “grand ministère compétent à la fois pour l'immigration, l'intégration, l'identité nationale et le codéveloppement” était déjà, en soit, un retour vers les plus sombres années de notre pays. De nombreuses personnes s'étaient déjà élevées contre la juxtaposition des deux notions, “identité nationale” et “immigration”, pointant tout ce que véhicule de xénophobe une telle association.

Il peut en effet sembler étonnant, à l'aube du XXIeme siècle, de voir réapparaître dans l'intitulé de l'un des principaux ministères de ce pays les vieux thèmes défraîchis de la droite maurrassienne, antidreyfusarde et Vichyste. Il peut sembler étonnant que le Ministre de l'immigration d'un Président de la République qui s'est auto-proclamé “le meilleur rempart contre le Front National” calque son programme sur des idées diffusées en France, dans un premier temps par le Club de l'Horloge et le Grece (Groupement de recherche et d'études pour la civilisation européenne), deux nauséabondes officines d'extrême droite, puis, par la suite, par ce même Front national…

Ajourd'hui, cependant, un pas supplémentaire est franchi dans l'abjection.

On apprend en effet que pour la première fois, les ministres vont recevoir un bulletin de note trimestriel. Comme à l'école ! Ces prochaines semaines, François Fillon devrait ainsi recevoir individuellement chacun des membres de “son équipe” pour le leur remettre et le leur commenter.

Il est ajouté que “les critères d'évaluation seront propres à chacun des quinze ministres”.

Ainsi, Brice Hortefeux, Ministre de l'immigration et de l'identité nationale, serait jugé à l'aune du nombre d'étrangers en situation irrégulière expulsés (et du nombre d'étrangers admis au titre de l'immigration de travail)…

Amnesty International s'inquiète assez légitimement du fait que cela entraîne des risques accrus pour les demandeurs d'asile… Il semble pourtant évident que le principal danger ne soit pas là…

En effet, indépendamment des objectifs chiffrés en matière de reconduite à la frontière fixés par le Président de la République (25 000 personnes pour 2007) qui érigent en priorité d'État une politique indigne d'un pays qui se prétend encore une démocratie ;

Indépendamment de la réalité de la politique menée au jour le jour que de telles priorités exigent des forces de l'ordre (rafles, convocations bidons des sans-papiers par les préfectures pour les placer en Centre de Rétention et les expulser, …) des administrations (délation exigée à la Poste, chez les inspecteurs du travail, les ANPE, …) et des entreprises (banques, …) ;

Indépendamment également des valeurs humaines fondamentales qui, de fait, sont par cette politique mises au rebus (droit de vivre en famille, asile politique, droit à la santé, …)

le fait que le Ministre de l'Immigration, de l'identité nationale et du co-développement est jugé sur le nombre de personnes qu'il aura expulsées nous informe sur l'État Français, ou plutôt sur l'état de l'État français.

En effet, que penser d'un État pour lequel la chasse aux sans-papiers est devenu la priorité de l'une de ses institutions, laquelle ayant également pour fonction d'aider à la lutte contre la discrimination et à la mise en place d'instruments permettant aux migrants d'agir en faveur de leur pays d'origine.

Que penser d'un État qui ne juge le Ministère ayant pour mission de favoriser le développement des pays d'origine des migrants résidant sur son sol que sur le seul critère du nombre d'expulsion de sans-papiers ?

Que penser d'un État qui ne juge le ministère ayant pour but (et « devoir envers l'étranger ») de favoriser l'accès au logement, à l'éducation, à la formation et au travail, mais aussi de faciliter une meilleure intégration des non nationaux que sur le nombre de personnes raflées ?

Pour « promouvoir notre identité, favoriser l'intégration et encourager le co-développement », la multiplication des expulsions (et donc des contrôles au faciès et des rafles) est-elle le seul critère d'appréciation possible ?

Je ne prendrai même pas la peine de proposer un semblant de réponse à ces questions qui amènent des réponses évidentes, vous en conviendrez.

« A la fois fermes et humains… »

Certes, associer « immigration » et « identité nationale » dans un ministère n'a jamais eu de précédent dans notre République. Ce rapprochement a largement été dénoncé comme s'inscrivant dans la trame d'un discours stigmatisant l'immigration et dans la tradition d'un nationalisme fondé sur la méfiance et l'hostilité aux étrangers, fondé sur la xénophobie et la peur de l'Autre.

Aujourd'hui, en plus de cet acte fondateur de la nouvelle présidence Sarkozy qui a été l'inscription de l'immigration comme l'un des principaux “problèmes nationaux”, la logique du chiffre et la politique qu'elle implique au quotidien nous poussent TOUS à nous poser de vraies questions.

L'une d'elle, au-delà des réprobations stériles et les postures auto gratifiantes contre l'équipe gouvernementale mettant en œuvre ce programme délétère, et principalement le Président de l'État français, c'est de savoir comment arriver à gommer une trentaine d'année de légitimation du discours lepéniste, plusieurs siècles de racisme colonialiste et la passivité des citoyens entretenue par une bipolarisation politique stérile, l'enseignement d'une certain fatalisme s'auto désignant comme seule analyse économique valide et le cirque nauséabond de médias aux abois, s'étant largement compromis depuis des décennies en s'associant (ou en appartenant) aux grands groupes industriels vendant de la mort et des parfums ?

Et en ce début d'année 2008, malheureusement, on ne peut que constater que la tâche est colossale…

Bonne année ?

A visiter :

Le site du Quotidien des Sans-Papiers